Quand il est difficile d’aimer son Église, quand la réforme dans l’Église paraît impossible, un guide sûr nous est donné avec sainte Catherine de Sienne (1347-1380). En pleine crise, avec une folle liberté de ton et un infini respect, elle s’est employée à sanctifier chacun à sa place, et si elle ose réprimander les clercs dans l’erreur, c’est pour fortifier leur autorité, pas pour diluer leur ministère.

Dans une de ses lettres, sainte Catherine de Sienne écrit : « Oui, nous devons nous passionner pour la sainte Église, par amour de Jésus crucifié » (Lettre à la reine de Hongrie, 145). Voilà qui sonne aujourd’hui comme une provocation ! On veut bien à la rigueur aimer Jésus, d’ailleurs plutôt ressuscité que crucifié — ça fait moins peur —, mais de là à se passionner, à cause de Jésus, pour l’Église qualifiée de sainte, là on ne suit plus. Peut-on vraiment l’aimer cette Église dont la vie est rythmée par les scandales et les abus, dont la médiocrité des clercs est imitée souvent par celle des fidèles, et qui ne sait plus annoncer le Christ ressuscité à un monde qui la rejette violemment ou s’éloigne d’elle dans un silence indifférent ? Jésus, d’accord, l’Église, non ! Pourtant, Catherine l’a perçu plus que quiconque, l’amour de Jésus jusqu’à la Croix exige de se passionner pour l’Église. Car comme elle l’écrit dans une autre lettre : « L’Église, c’est la même chose que le Christ » (Lettre à Nicolas Soderini, 53). Parce que l’Église est à la fois corps mystique du Christ et épouse du Christ selon saint Paul, on ne saurait aimer ni servir le Christ sans aimer et servir l’Église. Pour comprendre cet amour inconditionnel de l’Église chez Catherine, il faut se pencher un peu sur son itinéraire.

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